5 jours du Léman 2020

5 jours du Léman 2020

Manifestation mythique reconnue comme étant « la plus longue régate d’endurance en bassin fermé d’Europe », les 5 jours du Léman célébraient leur 28ème édition cette année. Cette course en équipage double, ou il est interdit de mettre le pied à terre ou de recevoir de l’assistance extérieure durant 5 jours d’affilée, a régulièrement vu la participation d’équipages du Cercle de la Voile de Neuchâtel.
Cette année n’a pas fait exception avec la présence de deux équipages neuchâtelois : Éric et Ganesha Jurt ainsi que Olivier Schaffter et Guy Schacher.

Les 5 jours du Léman sur Code-Barre

En fait il faudrait dire les 10 jours du Léman. Effectivement la course commence 3 jours avant et se termine 3 jours après…

Les préparatifs ont une place importante dans cette course : installation électrique, préparation de l’intérieur du bateau, nettoyage, polish, vérification du gréement et organisation de nos 5 jours en autonomie. Pour notre 4ème édition, nous gagnons déjà un peu de temps, nous avons ciblé nos besoins en nourriture et boisson.

Nous sommes jeudi et déplaçons le bateau à Vidy. Samedi aura lieu le contrôle technique-sécurité du bateau. Un membre du staff de l’organisation passe sur chaque bateau pour vérifier si le matériel obligatoire de sécurité est à bord et pour apposer un tampon sur les voiles autorisées.

Dimanche 10h30, briefing avec les dernières instructions et une analyse météo détaillée par Philippe Jeanneret. Cette année, du vent devrait être au rendez-vous et la journée de mardi est annoncée orageuse, mais l’intensité des orages est encore difficilement prévisible… Dernier repas à terre organisé par le cercle de la voile de Vidy. Nous n’avons pas très faim, mais savons qu’il faut « provisionner »…

14 heures, le coup de canon. Les 40 Surprises sont alignés et un parcours « triangle » devant Vidy permet aux nombreux spectateurs d’assister aux premières batailles sur l’eau dans un Sud-Ouest de 2-3 Beaufort. Notre départ était très moyen. C’est dans la fin du deuxième tiers que nous passons la marque de Vidy et nous dirigeons vers Genève. S’en suivent 120 heures de navigation. La météo est changeante, parfois nuageux, parfois ensoleillé, mais rarement des coups de chalumeau sans vent. Les prévisions pour la semaine étaient juste : entre 0 et 6 Beaufort. Les virements et les changements de voile s’enchaînent nous remontons au classement et avons le privilège de régater régulièrement aux environs du tiers du classement. Jeudi à midi, nous passons la bouée de Genève en 3ème position, mais pour une courte, trop courte, durée…

Jours et nuits s’enchaînent, les moments de sommeil sont courts, 20 à 30 minutes à la fois en ce qui me concerne, mon coéquipier dort plus facilement 1 à 2 heures de suite, mais au bout du compte, une dizaine d’heures sur les 5 jours ! Nous mangeons relativement peu, sandwiches, chocolat, petits encas… mais buvons beaucoup, 36 litres en tout. Nous serons contraints, le dernier jour, à boire quelques verres d’eau du lac ! La course est prenante, nous n’avons pas faim et malgré notre 4ème participation, nous ramènerons de la nourriture… Sur la balance, 3 kilos et demi se sont à nouveau envolés…

Le Léman possède aussi son pot-au-noir…chaque soir, nous naviguons dans la région du Bouveret…La région est très perturbée au niveau des vents et il faut trouver LE passage qui nous mène à la bouée. Durant notre dernière nuit, nous n’avons pas réussi à négocier agréablement cette partie du lac et ce n’est qu’une Vaudaire, qui vers 3 heures du matin nous délivre et nous mène vers Vidy à 8-9 nœuds sous spi.

Dernier matin de course, un parcours raccourci entre St-Prex et Vidy avec un vent très faiblissant utilise nos dernières cartouches et nous passons la ligne d’arrivée à 14h25 après 746 Km parcourus (5 tours complets et un parcours raccourci). Nous terminons 26ème et 13ème aux points (des points sont attribués à chaque passage de la bouée de Vidy en fonction du classement). A notre descente du bateau, le goudron bouge et nous donne des démarches bizarres. Un ami nous reconduit sur Neuchâtel et malgré notre volonté les conversations avec le chauffeur seront très brèves…

Les 5 jours vu par Oliver Schaffter

Qu’est-ce qui vous a décidé, ton équipier et toi, à vous inscrire aux 5 jours du Léman ?
Avant les 5 jours du Léman, les seules régates auxquelles j’ai participé, étaient celles du mercredi. Avec mon coéquipier on voulait se lancer dans un premier temps à participer à la régate du Bol d’Or Henri Lloyd. Vu les circonstances de cette année un peu particulière cette régate a été annulée et c’est comme cela que l’idée nous est venu de se lancer dans cette aventure un peu folle des 5 jours du Léman.

Vous êtes-vous soumis à une préparation particulière en vue de cette compétition ?
Nous nous sommes inscrits au dernier moment. Nous avions prévu de nous entrainer mais la réalité entre notre emploi du temps professionnel, familial, et les démarches administratives d’un bateau qui n’a officiellement jamais participé à des régates, nous a dégagé que très peu de temps. Le premier entrainement a eu lieu 30 minutes avant le coup de canon des 5 jours du Léman. Pas vraiment une réussite, notre première sortie de spi s’est soldé par un méli-mélo digne de parfait débutant. Je ne vous raconte pas l’état de la cabine, bon c’est vrai qu’en 5 jours nous avons fini par trouver de la place pour chaque chose. Nous avons surtout remarqué que nous avions prévu pour une transat.

Quel est votre plus beau souvenir de ces 5 jours ?
Ces 5 jours sont d’une intensité incroyable, nous vivons de façon tellement intense, avec les éléments naturels. J’ai personnellement adoré naviguer la nuit, avec cette tranquillité, plan d’eau exempt de vagues dues au trafic et le tout accompagné de magnifiques étoiles filantes. Au crépuscule de la première nuit, nous étions en fin de classement et le lendemain lorsque nous avons consulté notre positionnement, nous étions remontés une dizaine de places. Quel étonnement et belle surprise.

Qu’est-ce qui vous a semblé le plus difficile durant cette régate ?
Sans aucun doute la gestion du sommeil. La première nuit sous l’effet de l’excitation de l’événement, j’ai fait une nuit blanche. Cette nuit a été difficile à  récupérer. J’ai découvert à quel point un voilier en action est bruyant pour celui qui est dans la cale. Le clapotis des vagues, le maniement des winchs, les déplacements du coéquipier dans les différentes manoeuvres sont démesurements amplifiés malgré un état de fatigue excessif. A plusieurs reprises durant ces 5 jours et nuits, nous nous sommes  retrouvés dans un état second. J’ai de plus en plus d’empathie pour le Vendée Globe

Etes-vous partant pour retenter l’expérience lors d’une prochaine édition ?
Cette expérience était très enrichissante, tant au niveau du partage avec le coéquipier mais également avec les autres équipages avant le départ. Chaque équipier sait qu’il s’engage pour une rude épreuve et j’ai adoré l’esprit d’entraide et de solidarité entre les concurrents. Une grande motivation également, est l’engagement et les encouragements d’Hubert et de son staff.

📄 Classements 5 jours du Léman 2020

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